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Un film de Henri-François Imbert - Sortie le 11 mars 2009. Durée 83 min'.
Ce film part d’une rencontre, tout à fait fortuite, entre un homme qui a joué dans un film, il y a trente ans, et un autre, cinéaste, qui aime énormément ce film.
Il s’agit du film Mes petites amoureuses, de Jean Eustache ; et leur rencontre se passe à Narbonne, la ville où ce film fut tourné.
Le plus jeune des deux hommes, le cinéaste, se lance alors dans la réalisation d’une sorte de documentaire sur le tournage de Mes petites amoureuses. Hilaire, celui qui avait joué dans ce film, revient pour lui sur les traces de ce tournage, et tente de reconstituer la bande qu’il formait avec ses copains et que Jean Eustache avait décidé de filmer.
Propos recueillis par Olivier Pierre, Marseille, juillet 2008.
Les phrases citées sur les images du film sont extraites de l’émission de Philippe Rouy, Henri-François Imbert, la vie au temps du film, diffusée sur France Culture, Sur les docs, le 22 mai 2008.
[…] J’ai commencé à imaginer ce film le jour où j’ai rencontré Hilaire Arasa, de manière tout à fait fortuite, il y a six ans aux halles de Narbonne.
Mes petites amoureuses est une des expériences de cinéma qui m’a le plus impressionné.
J’avais ressenti le besoin de le revoir pendant le montage de mon précédent film, No pasarán ; j’y cherchais quelque chose, un rythme, un souffle.
Lorsque j’ai rencontré Hilaire quelques semaines plus tard, […] il m’a dit que depuis trente ans, il avait pensé chaque jour à cette rencontre avec Jean Eustache. C’est cette phrase qui m’a donné envie de faire un film.
[…] Après cette rencontre, je me suis laissé guider vers tout ce à quoi le film d’Eustache pouvait conduire, tout ce qu’il pouvait réactiver par sa seule évocation, sa seule présence à nouveau dans la vie de ses protagonistes d’il y a trente ans. Et j’ai commencé à voir la vie et à la filmer sous l’éclairage particulier de ce film, et bien sûr de toutes les questions qu’il conduit à se poser sur les trente années écoulées depuis, sur ce changement d’époque que nous sommes en train de vivre et qu’il met en perspective.
[NDLR : à propos des photos prises sur le tournage de Jean Eustache, par Pierre Zucca et qui apparaissent dans le film]
[…] on a poursuivi avec Céline Tauss, la monteuse, le travail sur les images fixes qu’on avait déjà abordé pour les cartes postales de No pasarán. Il s’agit toujours de créer un rythme, de trouver la bonne durée de chaque image pour que le spectateur puisse la regarder vraiment et développer sa propre lecture
[…] Pour moi, dans un documentaire, il y a […] une histoire à raconter. Ce qui m’intéresse, c’est la place du spectateur par rapport à cette histoire.
J’essaie de créer un espace pour que le spectateur puisse approcher ce que j’ai moi-même pu approcher, en essayant de ne pas fermer le sens, mais au contraire de le laisser très ouvert, pour que l’on soit libre de faire des associations entre différentes séquences auxquelles je n’ai peut-être même pas pensé.
Le montage du film, c’est un moment où je mets en rapport tout ce que j’ai collecté, toutes les rencontres que j’ai faites pendant le tournage, selon un chemin précis qui est le mien, mais on peut imaginer que les spectateurs puissent défaire cette construction pour en refaire une autre, en y voyant des choses que je n’ai jamais vues. […] On essaie de faciliter ce travail de mise en relation, d’aider à la lecture du film, notamment par la narration ; mais les liens ne sont pas tous explicites, sinon le spectateur s’ennuierait.
"Le Temps des amoureuses" tisse de nombreux liens avec "No pasarán, album souvenir," votre précédent film.
Je crois que mes films s’inscrivent dans une sorte de continuité qui retrace un chemin, un travail sur le cinéma et sur le réel, en essayant à chaque fois d’aller un peu plus loin.
Comment est arrivée dans le film la séquence de votre classe de neige, filmée en super 8 par votre instituteur il y a trente ans ?
La classe de neige est revenue au cours de cette histoire de manière tout à fait imprévue et décalée, comme Il y a quelque chose qui est toujours là, dans cette façon de découvrir les gens peu à peu, de rentrer dans leur univers de façon à la fois très discrète et très efficace. Une sorte de surgissement spontané de ma propre enfance au coeur de ce film. Il n’y a bien sûr pas de lien logique avec les autres séquences, ni de message précis ; c’est une sorte d’apparition de l’enfance qui nous ramène au film de Jean Eustache.
C’est également cette façon d’être habité par le film d’Eustache qui vous a amené à filmer les jeunes de la Maison d’Enfants de Cerdagne ?
Oui, ces jeunes filles disent aujourd’hui une histoire tout à fait similaire à celle que racontait Eustache dans Mes petites amoureuses à propos de son propre parcours, une histoire de déracinement, de rêve brisé, de douleur d’enfance qu’il faudra peut-être consoler toute une vie. Elles posent la question de la place que l’on fait pour elles, la question cruciale de la place que l’on fait pour chacun.
Site officiel du Réalisateur : www.lecinemadehenrifrancoisimbert.com
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Ekzistado a le coup de coeur pour l'oeuvre d'Henri-François Imbert et vous suggère de découvrir également trois de ces précédents films, disponible en VOD et sur un DVD aux Editions Montparnasse.
"Sur la Plage de Belfast" (1996), "Doulaye, une Saison des Pluies" (1999) et "No pasaran, Album sourvenir" (2003)
Avec ces trois films tournés en Irlande du Nord, au Mali puis en France, Henri-François Imbert nous embarque dans un même voyage, aux croisements du journal filmé, du documentaire historique et de l’essai poétique.